dimanche 18 septembre 2011

Ce n'est pas un rêve: Garry Kasparov est parmi nous

Demandez dans votre entourage quel est le meilleur joueur d'échecs actuel. Il est fort probable que la réponse soit: Garry Kasparov (c'est un peu comme si on disait que le meilleur joueur de football du moment est Pelé, ou le meilleur joueur de tennis Bjorn Borg...).

C'est donc peu dire à quel point le joueur russe reste un mythe pour tous les joueurs d'échecs.

Franck Zrag, membre récemment arrivé au club, n'a pas tardé à se faire remarquer: voilà qu'il a réussi à rencontrer cet idole, notre idole à tous. Et comme le sens du partage n'est pas le dernier de ses défauts, Franck a bien voulu nous faire part, en détail, de sa superbe expérience.

Voici son très précieux témoignage:

Evénement très attendu, ce samedi 17 septembre 2011, Garry Kasparov a fait escale à Clichy, au
lycée René Auffray. Avec l’impatience d’un enfant devant un marchand de glaces, je me rends d’un
pas décidé audit rendez-vous à 15h. RER, métro, descente à la Mairie de Clichy, j’erre avant de
trouver enfin le lieu qui abritera les joutes de ce soir.

Affiche qui annonce la venue de Garry Kasparov

Le nombre d’entrées était limité, et la liste d’attente est saturée depuis une semaine. Donc, inutile
d’espérer accéder à l’amphithéâtre ou au hall (personnes sur liste d’attente) pour la retransmission
sur écran.

Stupeur : les parties d’échecs commencent à 19h. Je reste donc 4 heures devant les grilles fermées
à tous. Oui, à tous, car des officiels n’avaient aucun moyen d’accéder aux réunions. Durant ces 4
heures, j’ai pu constater l’improvisation et le manque de communication entre certains cadres. Les
resquilleurs ont été les bénéficiaires de ces quiproquos, n’en déplaise aux personnes ayant réservé
il y a 2 semaines. Votre serviteur est donc arrivé en premier devant les grilles … mais est entré dans
l’établissement parmi les derniers.

Non, ce n'est pas DSK entrant dans une nouvelle prison américaine.
C'est pour voir Kasparov jouer une partie d'échecs.

En effet, le directeur de l’école primaire voisine faisait entrer les enfants et parents devant assister à un cours d’échecs dont l’observateur était G. Kasparov. En cet instant, tout le monde devenait parent d’élève, y compris les personnes sans réservation, au grand dam de votre serviteur qui espérait seulement ne pas se faire chiper sa place. Je devins finalement moi aussi parent d’élève, et nous fumes 300 personnes à assister au cours d’échecs, tandis que les mesures de sécurité avaient toutes été enfreintes et qu’aucun garde n’était présent. L’Ogre de Bakou était déjà en pleine concentration pour sa rencontre devant l’opposer au vainqueur du match de blitz Fressinet-Lagrave.

C'est bien lui: Garry Kasparov

Après deux nulles, Lagrave l’emporte dans la partie « mort-subite ». Puis, vint le moment du match Kasparov-Lagrave cadence Bronstein 5 minutes + 3 secondes par coup.

Avec les Blancs, Garry –qui joua 1.e4-ne fit pas de cadeau à Maxime, qui paraissait pourtant bien
avec son pion passé sur la troisième rangée après l’échange des Dames. Mais ce pion était isolé, et
Garry avait entamé un assaut à l’aile-roi avec f4-f5, les pions en g4 et sur la colonne h suivaient. Avec
l’initiative, et faisant usage de son expérience, le Monstre aux mille yeux répéta la position 2 fois…
pour augmenter son crédit de temps avant de porter l’estocade finale en quelques coups.

Avec les Noirs, Kasparov répondit étonnement à e4 par 1…e5. De mauvais souvenirs me vinrent à
l’esprit, et ce n’est pas Judit Polgar qui nous contredirait. L’idée de voir Kasparov jouer une Berlinoise
me laissait imaginer le pire. Ce fut finalement une Espagnole fermée avec d3 dont Kasparov ne tira
rien. A vrai dire, Maxime semblait mieux, car avait des pièces actives. Mais Garry attendait la faute,
plus qu’autre chose. Une passe tactique et la nulle fut conclue peu après que les joueurs aguerris
l’eurent deviné.


J’assistai à la première partie de ce match en compagnie du Président de la Fédération d’Echecs,
M. Henri Carvallo. Nous échangeâmes nos impressions post-mortem. Et oui, Gens Una Sumus :
notre Président était lui aussi assis par terre sur les marches de l’amphithéatre. En effet, j’étais
dans l’arène, bien que je figurais sur la liste d’attente ; mais J.-C. Moingt (le prédécesseur de M.
Carvallo) eut pitié de moi et me dit : « Viens entre, ça fait plusieurs heures que je te vois attendre ».

Du hall d’accueil, je passai donc à la salle de cocktail devant un écran de retransmission, avant
d’atterrir dans l’amphithéâtre. Ils étaient tous là : A. Vaisser, B. Kouatly, A. Skriptchenko… etc. Oui, ils étaient tous là, et les enfants bruyants ou autres sonneries de téléphones mobiles aussi.

Mais, ce fut une belle journée, car Garry Kasparov a, par son charisme, remis les choses en place. Ce
fut un évènement bien conçu.

Voilà une dédicace qui ne quittera jamais les archives de notre club
 Je tiens donc à remercier M. le Président Carvallo, qui a signé cette dédicace à notre club, M. Moingt pour sa disponibilité, les élus locaux, BNP Paribas, et tous ceux qui m’ont permis de réaliser ce rêve d’enfant.

Remerciement spécial pour le désopilant Anthony Delon pour sa participation à la partie à 4
joueurs : la paire Lagrave-Baumel (maire d’une commune voisine, et ancien champion d’Echecs en
catégorie Cadets) affrontait la paire Kasparov-Delon. J’espère seulement qu’il est meilleur acteur
que joueur d’Echecs : Kasparov aura eu toutes les peines du monde à construire une position viable
… que son équipier détruisait à chacun de ses coups. En clair, c’était plutôt une partie d’un joueur
contre 3. Le champion riait jaune à chaque coup de Delon junior, et le public aussi.

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