lundi 8 juin 2015

Allons enfants de l'école des Tilleuls

Lons-le-Saunier, notre ville d'accueil pour le championnat de France des primaires, est aussi la ville qui a vu naître Claude Rouget De Lisle, l'auteur de la Marseillaise. Aussi étions-nous - joueurs, parents et entraîneur - doublement aguerris pour lever bien haut notre étendard contre les 23 écoles championnes des autres académies qui, nous semblait-t-il, allaient mugir pour la dernière fois!

Pourtant, certaines mauvaises langues diront que la campagne échiquéenne 2014-2015 de l'école des Tilleuls n'aura pas permis d'arriver à un jour de gloire, puisque nous obtenons la 20ème place (sur 24) alors que notre objectif initial était de terminer dans le top 10. Rien de plus faux! Ayant bien analysé la tournure des événement à mi-tournoi, nous nous sommes seulement contentés de changer d'objectif, et de viser une place dans le top 20, ce que nous avons superbement réussi! Donc, avec tous les élèves des Tilleuls,

Marchons, marchons
qu'un sang impur
abreuve nos sillons!


L'école des Tilleuls en marche
Bon, sérieusement, puisque nous ne sommes pas des hommes politiques et que nous ne dirigeons pas la France, cessons-de nous voiler la face: sur le plan comptable, nous venons de vivre ce qui est notre plus mauvais championnat de France.

En 2011, pour notre baptême du feu, nous arrivâmes là où personne ne nous attendait, à la 9ème place. En 2012 et 2013, nous frôlâmes le podium et y obtînmes même une place historique (4ème et 3ème). 2014 vit les Tilleuls surfer en tête jusqu'à mi-tournoi en impressionnant les meilleures écoles de France (7ème).

Rien de tout cela en 2015... On n'a battu aucune école du top 7 final. Mathématiquement, c'était impossible, puisqu'on n'en a rencontré aucune... On n'a jamais été dans la course, les défaites se sont accumulées, les menaces de mat adverses ignorées et à la dernière ronde, déshonneur suprême, nous étions appariés à la dernière table avec comme seule consolation possible éviter une des trois dernières places.

Or de même que le jeu d'échecs n'est pas une activité à finalité matérialiste, le club d'échecs de Saint-Maur n'est pas englué dans un capitalisme férocement morbide: nos têtes blondes peuvent perdre et rater ce qu'ils entreprennent, tant qu'ils feront preuve de magnanimité, d'enthousiasme, de persévérance, de courage, de respect, de joie de vivre, ils recevront toujours nos plus sincères compliments et ne cesseront de recevoir des fleurs de notre part!

Aussi, malgré les résultats en berne, ce championnat de France restera comme un souvenir inoubliable pour nombreux d'entre nous. Ceci, grâce aux enfants qui ont toutes les qualités décrites ci-dessus, grâce au dévouement des parents, grâce aux organisateurs du club de l'échiquier Ledonien et leurs nombreux bénévoles (dont Julia, qui a amplement mérité le bouquet de fleur offert par Rosana Melki pour la remercier de son implication), grâce aux équipes concurrentes que nous avons en vain chercher à terrasser, notamment l'équipe de Nîmes, constituée de 7 joueurs non classés qui jouaient aux échecs avec une pendule pour une des toutes premières fois et que nous avons affrontée dans un match dans lequel j'ai été l'entraîneur défait mais un spectateur admiratif.

Enfin, notre parcours national si décevant recèle aussi quelques points extrêmement positifs. Nimzovitsch dans un des plus beaux passages de son livre culte Mon Système insiste sur l'importance d'être optimiste pour bien jouer aux échecs. L'optimisme consiste d'une part à jouir d'avantages minuscules que le vulgaire ne perçoit même pas (par exemple un avantage positionnel sur l'échiquier) et à retirer un bénéfice de tout événement négatif (par exemple se rendre compte après la perte d'une pièce que, grâce à cette perte, nos pièces restantes sont devenues plus actives que celles de notre adversaire).

Des points positifs, j'en vois tout de suite 2:
  1. Les mauvais résultats de 2015 mettent d'autant plus en valeurs les résultats excellents des années précédentes: on avait tendance à être quelque peu blasé et à ne plus se rendre compte qu'être 9ème, 4ème 3ème et 7ème de France, ce n'est pas rien!
  2. Il permet une remise en question de notre façon de travailler, et c'est une excellente source d'inspiration pour trouver de nouvelles idées
Pour conclure, et pour revenir vers la partie purement performative de la compétition, si on analyse le résultat de chaque joueur individuellement, on se rend également compte qu'aucun n'a démérité.

Voici la liste de nos 10 joueurs et chacun de leurs résultats (pour certains, je ne suis pas sûr):
  1. Milann Gatineau: 2,5/7
  2. Bartolomeo Vosgien: 4,5/7
  3. Baltazar Vosgien: 4/7? 
  4. Gaspard Bouton: 3,5/7?
  5. Antonin Saint-Cyr: 2/6
  6. Sacha Sathicq: 3/6
  7. Augustin Melki: 5/7
  8. Antoine Michel-Mazzoleni: 4/6
  9. Floriane Dupré: 5,5/9
  10. Margot Roturier: 1,5/9
Les seuls joueurs qui n'obtiennent pas la moyenne sont des joueurs encore très jeunes (Antonin), ou des joueurs qui avaient une tâche extrêmement difficile comme Milann, qui à la table 1 a joué la majorité de ses parties contre des joueurs plus âgés et mieux classés que lui ou comme Margot qui pour sa première participation à un tournoi officiel s'est offert le luxe de remporter 1,5 points dans un championnat de France. Notons aussi la très bonne surprise Sacha, seul joueur à 2 sur 2 après la première journée et qui a offert des points importants à l'équipe et égayé la groupe avec ses belles histoires. Floriane a été extraordinaire et nous manquera beaucoup l'année prochaine. Augustin a continué sur sa lancée du critérium petits pions (c'est-à-dire en ne laissant que des miettes à son adversaire). Bartolomeo et Antoine sont dans une phase d'apprentissage remarquable, et on sent qu'ils feront d'énormes progrès l'année prochaine. Baltazar et Gaspard ont profité de ce championnat pour faire parler leur grande intelligence.


Un troisième point positif est que si l'on participe de nouveau au championnat de France de l'année prochaine, on est pratiquement sûr de faire mieux que cette année!

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